Ce sont ces tâches, souvent répétitives, qu’on appelle tâches à fort potentiel d’apprentissage. Elles ne sont pas toujours les plus confortables ni les plus valorisantes sur le moment, mais ce sont elles qui font vraiment progresser. Résumé Pour progresser vite et de façon durable, l’entrepreneur doit se concentrer sur les tâches qui le confrontent directement […]
Peut-on apprendre à entreprendre ?
On ne naît pas entrepreneur, on le devient, mais pas uniquement à travers des livres ou des cours magistraux.
C’est un apprentissage qui passe par l’action, l’intuition et l’expérimentation, bien plus que par la théorie pure.

L’entrepreneuriat n’est pas une science exacte. Il ne s’apprend pas seulement par l’accumulation de connaissances théoriques, mais surtout par la confrontation au réel. Comme l’ont montré les travaux de Saras Sarasvathy et Stuart Read, l’entrepreneur progresse avant tout par l’expérience, en prenant des décisions dans l’incertitude, en agissant, en obtenant des retours et en ajustant en continu.
Apprendre à entreprendre, c’est donc avant tout entreprendre pour apprendre.
Résumé :
On ne devient pas expert en étudiant un manuel, mais en expérimentant, en s’adaptant, en construisant, en marchant. L’apprentissage par l’action est une compétence clé de l’entrepreneur du XXIe siècle, d’autant plus précieuse que l’incertitude est devenue la norme. Savoir écouter l’usage, tester son go to market en conditions réelles, et apprendre à s’ajuster rapidement sont les nouvelles clés de la réussite entrepreneuriale.
Quelle est la place de l’action dans l’apprentissage entrepreneurial ?
L’approche classique de l’apprentissage consiste à étudier, modéliser, planifier, puis à agir. En revanche, la logique effectuale inverse cette séquence : on agit d’abord avec ce que l’on a, puis on apprend par les effets produits.
Ce modèle repose sur une pédagogie de l’expérience, proche des approches de type “learning by doing”. Loin d’être linéaire, cette démarche permet à l’entrepreneur d’évoluer au gré des résultats obtenus et des opportunités rencontrées. Chaque interaction, chaque tentative, chaque erreur devient une source d’amélioration continue.
Ainsi, l’action n’est pas une finalité mais un moyen d’explorer, de comprendre, et de se développer. Elle devient centrale dans un monde où l’incertitude domine.
Comment l’effectuation structure l’apprentissage de l’entrepreneur ?
L’effectuation propose un cadre concret pour progresser :
- On démarre avec les ressources à disposition (compétences, réseau, idées).
- On avance par expérimentations progressives, avec un niveau de risque maîtrisé (logique de perte acceptable).
- On tire parti des surprises et des retours pour faire évoluer le projet.
- On coconstruit l’offre avec les utilisateurs, en les impliquant dès les premières étapes.
Chaque étape devient une occasion d’apprentissage, non pas théorique mais incarnée. L’erreur n’est pas une faute : c’est un signal. Le terrain devient la principale salle de classe de l’entrepreneur.
Cette dynamique favorise également une meilleure compréhension de l’usage réel que feront les clients de l’offre. Or, c’est souvent là que les projets échouent : ils répondent à une idée de besoin, mais pas à un usage concret.
Quels sont les leviers pour progresser concrètement ?
L’apprentissage effectual repose sur un principe proche de ce que le psychologue Anders Ericsson appelle la pratique délibérée. Il ne suffit pas d’agir : il faut s’exercer sur des tâches à fort potentiel d’apprentissage, avec méthode et retour critique.
Voici trois leviers essentiels :
- Répéter des tâches à feedback rapide : pitcher, faire des cold calls, mener des entretiens clients ou tester un prototype. Ces actions concrètes, reproductibles, permettent à l’entrepreneur de s’ajuster rapidement et de progresser à chaque interaction.
- S’exposer volontairement à la réalité du terrain : aller au contact des utilisateurs, observer les usages réels, affronter les objections. Cela permet de sortir de ses suppositions pour entrer dans une logique d’ajustement permanent.
- Réfléchir sur ses actions (réflexivité) : prendre le temps d’analyser ce qui a été fait, les résultats obtenus, et d’en tirer des enseignements. C’est cette posture réflexive qui transforme l’action en apprentissage durable.
Apprentissage par l’action et méthodes agiles : quelles convergences ?
L’effectuation partage de nombreux points communs avec des approches comme le Lean Startup, le Design Thinking ou le Product Design Sprint. Toutes ces méthodes favorisent un apprentissage rapide centré sur l’usage, par l’expérimentation concrète plutôt que par la planification abstraite.
- Lean Startup : valorise le test rapide de MVP, l’obtention de feedback et l’itération. L’objectif est de valider une hypothèse de valeur avec un coût minimal.
- Design Thinking : propose une démarche centrée sur l’empathie utilisateur, l’idéation collaborative et le prototypage rapide pour comprendre les usages avant d’industrialiser.
- Product Design Sprint : format intensif qui permet de tester en 5 jours une solution face à de vrais utilisateurs. Il donne une lecture claire sur l’usage potentiel et les axes d’amélioration.
Ce que ces approches apportent aux entreprises :
- Elles permettent de réduire le temps de mise sur le marché et de mieux utiliser les ressources.
- Elles placent l’usage réel et le go to market au cœur de la création : plutôt que de partir d’une idée, on part d’un problème ou d’un besoin vécu.
- Elles favorisent l’agilité, la co-construction et la résilience en environnement incertain.
Adopter une posture effectuale ou s’inspirer de ces méthodes permet ainsi de construire des offres plus pertinentes, plus ancrées dans la réalité, et donc plus durables.
Exemple concret : apprendre par les itérations terrain
Mathieu souhaite créer Greenscan, une application qui permet de scanner les produits alimentaires en rayon pour obtenir des informations nutritionnelles personnalisées. Plutôt que de lancer un développement technique de 6 mois, il choisit une approche pragmatique :
- Il conçoit un prototype léger sur Google Sheets, relié à un formulaire simple.
- Il va dans plusieurs supermarchés, sollicite des clients pour tester l’outil en situation.
- Il observe les usages, note les incompréhensions, simplifie les interfaces.
- Il supprime des fonctionnalités mal comprises et améliore l’expérience utilisateur.
En 2 mois, il a obtenu plus de 30 retours concrets et ajusté 4 fois son prototype. Il apprend en marchant, tout en créant de la valeur. Il découvre surtout que les utilisateurs attendent moins une analyse complète qu’un score nutritionnel simple et visuel. Il adapte alors son produit en fonction de cet usage inattendu mais central.
FAQ – L’apprentissage par l’effectuation
Comment apprend-on à entreprendre ?
Par l’action, l’observation des effets produits, et l’ajustement progressif. C’est l’itération plus que la planification qui fait progresser.
L’expérience est-elle indispensable pour lancer une startup ?
Non, mais l’expérience s’acquiert en agissant. On peut apprendre vite si l’on s’ouvre au feedback et qu’on adopte une posture réflexive.
Peut-on apprendre à entreprendre sans école ?
Oui. Beaucoup d’entrepreneurs apprennent en créant leur première structure. L’école peut accélérer la réflexion, mais ne remplace pas le terrain.
Faut-il attendre de tout savoir pour se lancer ?
Non. En logique effectuale, on part de ce que l’on a et l’on construit le reste au fil du parcours. L’incertitude est inévitable, mais elle est apprenante.
L’apprentissage effectual est-il réservé aux jeunes entrepreneurs ?
Pas du tout. Il concerne tous les porteurs de projet confrontés à l’incertitude, quel que soit leur âge ou leur expérience.
Quels types de tâches font progresser rapidement ?
Celles qui impliquent un retour direct du marché : entretiens utilisateurs, test de prototype, pitch, négociation, vente, etc.
Puis-je apprendre sans me confronter au marché ?
Difficilement. Le marché est le miroir de votre proposition de valeur. Sans retour, l’apprentissage reste théorique.
Comment mesurer sa progression en tant qu’entrepreneur ?
Par l’évolution de sa capacité à comprendre ses utilisateurs, à ajuster son offre, à prendre des décisions plus rapidement et à obtenir des engagements concrets.