Quel statut juridique choisir pour la création d’une entreprise ? (vidéo)
La préparation de votre projet de création ou reprise d’entreprise avance, il faut maintenant penser à choisir la nature de la structure qui hébergera votre activité. Dans bien des cas, le choix de la forme juridique (ou par abus de langage du statut juridique) est essentiel.

Choisir le bon statut juridique est une décision structurante dans le parcours de tout entrepreneur. Ce choix influencera votre responsabilité, votre fiscalité, votre protection sociale, mais aussi la manière dont vous gérerez et ferez évoluer votre entreprise.
Ce guide vous aide à comprendre les enjeux, les critères de choix et les différences entre les statuts existants (EI, micro-entreprise, EURL, SARL, SASU, SAS…).
Qu’est-ce qu’un statut juridique ? (EI vs société)
C’est le cadre légal qui définit la façon dont votre activité est exercée :
- En entreprise individuelle (EI) : vous exercez en votre nom propre
- En société : vous créez une personne morale distincte
Entreprise individuelle (EI)
EI : simple et rapide
L’entreprise individuelle (y compris la micro-entreprise) ne crée pas de société. Vous exercez seul, sans capital social ni statuts à rédiger. C’est idéal pour tester une activité avec peu de formalités.
Société : une entité distincte
Vous créez une personne morale (SARL, SAS…), avec des statuts, un capital social, et une responsabilité limitée. Cela offre une meilleure protection juridique et facilite l’évolution.
Pourquoi ce choix est-il stratégique ?
Le statut juridique détermine :
- Votre responsabilité personnelle en cas de dettes
- Votre régime fiscal (IR ou IS)
- Votre régime social (TNS ou assimilé salarié)
- Vos formalités de gestion (simplifiées ou complètes)
- Votre capacité à vous associer ou lever des fonds
Il doit donc être aligné avec votre projet, vos revenus prévisionnels et votre vision d’entrepreneur.
Les critères pour bien choisir son statut juridique
Chaque projet est unique, mais certains critères clés peuvent vous guider dans le choix du meilleur statut juridique pour votre entreprise. Voici les principales dimensions à analyser, avec des conseils pour orienter votre décision
1. Vous êtes seul ou à plusieurs ?
Situation | Statuts possibles |
---|---|
Vous créez seul | EI, micro-entreprise, EURL, SASU |
Vous êtes plusieurs | SARL, SAS, SNC (rare), SCOP, SCIC |
Vous souhaitez rester indépendants | SCM, GIE, SEP (forme coopérative ou ponctuelle) |
2. Quelle responsabilité voulez-vous prendre ?
Depuis 2022, le patrimoine personnel est protégé en EI, sauf fraude ou faute. En société, la responsabilité est limitée aux apports. Mais attention aux cautions personnelles exigées par les banques.
3. Fiscalité : IR ou IS ?
- IS (impôt sur les sociétés) : les bénéfices sont imposés à 15 % puis 25 % (SARL, SAS)
- IR (impôt sur le revenu) : les bénéfices sont intégrés à vos revenus (EI, micro, EURL)
Votre choix dépendra de votre niveau de bénéfices attendu et de votre situation personnelle. En phase de démarrage avec de faibles revenus, l’IR peut vous éviter une double imposition. Si au contraire l’entreprise génère de bons profits que vous n’avez pas besoin de retirer intégralement, l’IS peut être intéressant pour laisser se développer la trésorerie à un taux d’impôt fixe.
4. Quel régime social préférez-vous ?
Statut | Régime | Taux de cotisation | Protection |
---|---|---|---|
EI, EURL, SARL maj. | TNS (SSI) | Environ 45 % | Moins favorable |
SASU, SAS, SARL min. | Assimilé salarié | Environ 75 % | Protection proche salarié |
Souhaitez-vous cotiser moins mais être moins protégé (TNS) ou l’inverse (assimilé salarié) ?
- Le travailleur non salarié (TNS) paie moins de cotisations (environ 40 à 45% du revenu net), ce qui allège les charges de l’entreprise, mais il dépend d’un régime social (SSI) plus compliqué et moins généreux.
- Le dirigeant assimilé salarié cotise davantage (environ 70-80% du revenu net), mais il bénéficie d’une meilleure protection sociale.
Ambition de croissance et investisseurs
Quelle est votre vision long-terme. Souhaitez-vous rester une petite structure ou envisagez-vous une croissance rapide avec entrée de partenaires, investisseurs, voire internationalisation ?
- Pour rester seul ou limiter les formalités : micro-entreprise ou EURL
- Pour associer votre conjoint, enfant ou ami : SARL familiale
- Pour accueillir des investisseurs, lever des fonds : SAS (souple, statuts adaptables)
6. Prévision de chiffre d’affaires
CA estimé | Statut adapté |
---|---|
< 77 700 € (services) | Micro-entreprise |
< 188 700 € (vente) | Micro-entreprise |
> seuils micro | EI au réel, EURL, SASU, SARL |
Si vous prévoyez un CA important, évitez le statut de micro-entreprise pour ne pas être freiné par les plafonds.
7. Facilités de gestion
Statut | Formalités |
---|---|
Micro-entreprise | Très simplifié : inscription URSSAF, compta allégée |
EI classique | Plus de formalités, mais pas de statuts |
SARL / SAS | Statuts, capital, annonce légale, expert-comptable |
Si vous êtes allergique à l’administratif (rédaction des statuts, publication d’une annonce légale, dépôt d’un capital social, …), commencez en micro puis passez en société si besoin.
Quand choisir son statut juridique ?
Créer une entreprise, c’est avant tout lancer un projet commercial, pas simplement choisir un cadre juridique. Il est donc plus pertinent de se concentrer d’abord sur la solidité de son idée, la viabilité du modèle économique et les premières étapes opérationnelles, plutôt que de figer trop tôt son statut.
Le choix de la forme juridique (EI, SASU, SARL, etc.) ne peut pas être pleinement pertinent tant que les contours du projet ne sont pas clairs. Il doit s’adapter aux caractéristiques du projet — qui se précisent souvent au fil du temps. D’autant que ce statut pourra évoluer si besoin : mieux vaut donc ne pas le figer trop tôt.
La date à laquelle on choisit son statut dépend de nombreux facteurs :
- la nature de l’activité (freelance, commerce, startup innovante…
- la nécessité de faire des dépenses importantes (local, matériel, site internet…)
- l’obtention d’un financement ou d’une subvention
- le besoin de s’associer ou d’ouvrir son capital
- la situation personnelle du dirigeant (rémunération, protection sociale…)
- ou encore l’envie de tester son idée via une micro-entreprise avant de se structurer.
Enfin, il faut garder en tête qu’adopter un statut revient souvent à créer officiellement son entreprise… et donc à commencer à engager des frais. Tant que ce n’est pas nécessaire, il peut être judicieux de retarder cette étape afin de préserver sa trésorerie et de mûrir son projet dans de bonnes conditions.
Afin d’avoir de plus amples informations sur les statuts juridiques, n’hésitez pas à alle consulter nos articles dédiés à chaque forme juridique.
Focus profils : quels statuts pour quel projet ?
Activité | Quel statut choisir |
---|---|
Julie, photographe freelance | » Micro-entreprise, pour tester son activité sans formalités lourdes. |
Karim et Lucie, restaurateurs | » SARL, sécurité juridique, régime TNS, et conjoint collaborateur. |
Sophie, consultante marketing | » SASU, régime social complet et évolution possible vers SAS avec associés. |
Thomas, startupper | » SAS, flexibilité statutaire, entrée d’investisseurs, levée de fonds. |
Marie, repreneuse d’entreprise coopérative | » SCOP, partage du pouvoir entre salariés, ancrage territorial fort. |
Résumé express : comment choisir son statut juridique ?
Critère | Entreprise individuelle | Société (EURL, SARL, SASU, SAS) |
---|---|---|
Nombre d’associés | 1 seul | 1 (EURL, SASU) ou plusieurs (SARL, SAS) |
Responsabilité | Limitée automatiquement depuis 2022 | Limitée aux apports (sauf SNC, faute de gestion…) |
Fiscalité | IR par défaut | IS par défaut, IR possible dans certains cas |
Régime social du dirigeant | TNS (SSI), cotisations faibles | TNS (EURL/SARL) ou assimilé salarié (SAS/SASU) |
Formalités de création | Ultra simplifiées (surtout micro) | Plus complexes (statuts, capital, formalités INPI…) |
Coûts de gestion | Très faibles | Plus élevés (comptabilité, expert-comptable, CFE…) |
Évolution / investisseurs | Limitée | SAS très adaptée aux levées de fonds, aux changements |
FAQ sur le choix du statut juridique
Vous souhaitez créer à plusieurs ? Vous avez le choix entre la SARL, la SAS, SA ou encore la SNC.
Autrement, si vous désirez être seul maître à bord, c’est entre l’EURL ou la SASU que vous devrez choisir. Vous pouvez également opter pour le régime simplifié de l’auto-entreprise.
L’entreprise individuelle est le statut juridique le plus simple et le moins coûteux tant pour sa création que pour sa gestion quotidienne. Elle est cependant réservée à des projets simples et peu risqués.
Pour une entreprise de petite taille qui ne vise pas de développement important, cela semble être le statut juridique le plus adapté.
L’EURL est un statut juridique qui permet d’éviter de prendre des risques sur son patrimoine personnel.
Certains statuts juridiques n’offrent aucune séparation entre le patrimoine personnel du dirigeant et le patrimoine de son entreprise.
En conséquence, les associés seront responsables indéfiniment et solidairement des dettes de leur entreprise et pourront voir leur patrimoine personnel menacé par les créanciers de l’entreprise.
L’EURL et la SASU sont des solutions à faibles risques, le patrimoine de l’entité restant distinct de celui du dirigeant.
Dans la même logique, les SAS et SA permettent de protéger la responsabilité des associés en la limitant aux montants de leurs apports respectifs.
La liberté statutaire de SAS attire les entrepreneurs qui aspirent à ouvrir leur capital à des investisseurs externes.
Le président d’une SAS est affilié au régime général de la Sécurité sociale. Son taux de cotisation sociale sera plus important, mais lui fera bénéficier d’une haute protection.
La fiscalité de l’entreprise et du dirigeant demeure un critère essentiel pour bien choisir son statut juridique. L’entreprise pourra voir ses résultats imposés à l’IS.
Une fois les bénéfices imposés, ces derniers pourront être distribués sous forme de dividendes aux associés. Les associés supporteront l’IR sur le montant des dividendes perçus (après abattement de 40%).
Les SARL, SA, SAS, SCA… sont soumises de plein droit à l’IS. L’entreprise peut également relever de l’IR. Le choix d’une option demeure conditionné et doit être appréhendé par une étude minutieuse de la situation et des perspectives futures de l’entreprise. Veillez donc à bien réfléchir à chacun de ces points avant de prendre votre décision.
La possibilité de facturer de la TVA peut également être un critère pour choisir son statut juridique. Dans le cadre du régime micro, par principe, c’est le régime en franchise de base de TVA qui s’applique, bien que les entrepreneurs aient la possibilité d’opter pour une application de la TVA à leurs activités.
- Angèle25 juillet 2023, 14:25Très édiffiant, j ai sincèrement trouvé ma part! merci beaucoup Mr Dufour.Puis je avoir vos cordonnées e mail ?
- Azélie Allion25 juillet 2023, 15:31Bonjour,Merci pour votre retour positif !Je vous envoie un mail d'ici quelques minutes, vous pourrez répondre en précisant vos besoins et je verrai comment nous pouvons vous aider.Cordialement,L'équipe créer son entreprise, LBdD
- M Jean-Claude RIDOLCE17 décembre 2020, 20:20Vous ne parlez pas des diverses formes de Coopératives... pourquoi cette ségrégation ?A cause de difficultés particulières telles que par exemple la possibilité d'un capital variable ?
- Laurent Dufour28 décembre 2020, 19:02Bonjour, nous évoquons les coopératives dans quelques articles. Toutefois, il est vrai que nos lecteurs nous posent moins de questions sur les coopératives que sur les autres formes juridiques.Cordialement, L’équipe créer son entreprise LBdD
- Anonyme23 juin 2019, 13:12Bonjour, c'est rare que je commente mais là c'est du contenu qualitatif bravo !!! Cordialement.
- Laurent Dufour25 juin 2019, 10:43Bonjour, Merci pour votre commentaire encourageant. Cordialement, L’équipe Créer son entreprise
- rouss4 avril 2019, 18:57bravo, article très complet et très enrichissant
- Laurent Dufour5 avril 2019, 06:48Bonjour, Merci pour votre commentaire encourageant. Cordialement, L’équipe créer son entreprise
- POSLUSZNY11 juin 2018, 14:14Bonjour, Nous avons apprécié une description precise et dépouillée de cet aspect complexe et sensible (le statut) lors de la création d'une entreprise. Nous sommes des particuliers français qui vivont aux Pays-Bas. Nous aimerions ouvrir une patisserie dans ce pays en apportant un capital. Un autre membre de notre famille apporterait son savoir-faire et son experience, il vit actuellement en France. Il nous reste le financement et donc la meilleur méthode pour obtenir un prêt et "couvrir" nos arrières. La création d'une entreprise pourrait être une solution. Nous aimerions pouvoir obtenir des avis à ce sujet, des conseils et des idées. Cordialement.
- Dufour Laurent16 juin 2018, 15:57Bonjour, Nous faisons du conseil auprès des créateurs et des dirigeants mais pas de financement. Pour autant nous pouvons vous mettre en contact avec nos partenaires financiers si vous le désirez. Si cela vous intéresse vous pouvez nous contacter via notre page contact : https://www.leblogdudirigeant.com/qui-sommes-nous/#contact Cordialement, L’équipe créer son entreprise LBdD