La force de l’inertie organisationnelle L’un des principaux obstacles au changement de business model est l’inertie organisationnelle. Lorsque les entreprises réussissent avec un modèle particulier, il devient difficile pour les dirigeants de concevoir une alternative. Ils sont souvent pris dans leur routine quotidienne, concentrés sur le fonctionnement actuel de leur entreprise, ce qui limite leur […]
Entreprendre en mode causal, est-ce la bonne démarche ?
L’entrepreneuriat en mode causal est une approche stratégique qui repose sur une planification rigoureuse et prévisionnelle. Dans ce modèle, l’entrepreneur définit un objectif final dès le départ et mobilise les ressources nécessaires pour l’atteindre. Cette méthode met l’accent sur l’optimisation des ressources et l’anticipation des obstacles.
La démarché causales est la méthode entrepreneuriale recommandée par les conseils en entrepreneuriat, les incubateurs et organismes d’accompagnement. Mais est-elle réellement pertinente pour tous les projets de création d’entreprise ?
Dans cet article, nous explorerons en détail les étapes de la démarche causale, ses avantages, et comment elle se distingue d’autres méthodes entrepreneuriales. Nous expliquons aussi pourquoi certains entrepreneurs ne s’y retrouvent pas, pourquoi elle est inapplicable pour certains projets.
Entreprendre en mode causal : une approche structurée pour réussir
L’entrepreneuriat en mode causal repose sur une approche prévisionnelle. L’entrepreneur commence par définir un objectif final clair dès le départ. Il mobilise ensuite les ressources nécessaires pour atteindre cet objectif. Cette démarche se base sur l’anticipation des obstacles, l’optimisation des ressources et la réduction des risques grâce à une planification rigoureuse.
Il s’oppose au mode effectual ou l’entrepreneur part des ressources dont il dispose pour lancer son activité. C’est une démarche qu’on voit souvent.
De nombreuses personnes profitent du fait qu’elles se trouvent à domicile pour lancer un petit commerce, au début sans ambitions, juste pour tester.
Ce dernier est généralement issu de leur compétence ou de leur passion : vente de thé, bricolage à domicile, cours de musique ou de math, coiffure à domicile, …
Comprendre les environnements économiques : prédiction, risque et incertitude
Dans les environnements économiques, les décisions des entreprises sont influencées par leur capacité à anticiper l’avenir. On distingue 3 catégories d’environnement économique : l’environnement de la prédiction, celui du risque et enfin celui de l’incertitude. Chaque catégorie définit le niveau de prévision que les entreprises peuvent avoir sur leurs actions futures.
L’environnement de prédiction
Dans certains environnements économiques, l’avenir est largement prévisible. Les entreprises ont accès à des données fiables et peuvent anticiper les résultats avec précision. Ici, les variables sont stables et bien connues.
Exemple : Grace aux statistiques, une compagnie d’assurance connait avec précision son marché. En dehors des cas exceptionnels comme les intempéries, pas de grandes surprises à l’horizon. On sait combien de jeunes vont accéder à la propriété, on a une idée du nombre de personnes qui ont besoin d’une assurance auto ….
C’est un monde de statistiques. Les compagnies d’assurance calculent avec précision le nombre de clients attendus, les produits qui se vendront le mieux, … La nature et le séquençage des événements s’étudient de manière assez précise.
L’environnement de risque
Dans l’environnement de risque, l’avenir n’est pas entièrement prévisible, mais les probabilités de résultats peuvent être estimées. L’expérience passée offre des moyens d’apprendre et d’anticiper les événements à venir. Les entreprises ont des informations, mais elles doivent faire face à des incertitudes mesurables.
Exemple : Une entreprise qui lance un nouveau modèle de voiture peut évaluer les risques en s’appuyant sur les ventes des modèles précédents et les études de marché. Elle ne peut pas garantir le succès, mais elle peut calculer les risques en fonction de scénarios probables.
L’environnement d’incertitude
Dans cet environnement, l’avenir est totalement imprévisible. Les entreprises doivent naviguer sans données fiables et sans capacité de prévoir les résultats. Il n’y a pas de modèle clair sur lequel se baser. C’est le cas de startup qui se lancent sur une idée, une intuition sans connaitre le besoin client (le produit est nouveau), ne le marché (ils ne connaissent pas leur clients), encore moins leur modèle économique et certainement pas les technologies à utiliser qui sont souvent changeantes.
Exemple : Quand Blablacar, Airbnb ou Vinted se lancent personne ne sait si les clients accepteront, en masse, de partager leur trajet, leur appartement ou d’acheter des vêtements d’occasion. En ce moment, une entreprise qui investit dans des technologies de rupture comme l’intelligence artificielle générale n’a aucune garantie sur la valeur ajoutée qu’elle peut apporter à ses clients, les usages, les acteurs, les technologies, … tout change de mois en mois. Ici, les impacts sur le marché sont inconnus, et les réactions des clients ou des régulateurs sont imprévisibles. Les résultats peuvent être très incertains.
Synthèse des différences entre les 3 environnements économiques
- Prédiction : L’avenir est prévisible avec des données fiables (exemple : lancement d’un produit bien établi).
- Risque : L’avenir comporte de l’incertitude, mais les résultats sont probabilisables (exemple : investissement boursier).
- Incertitude : L’avenir est totalement imprévisible, sans données fiables pour évaluer les risques (exemple : innovation disruptive).
Ces trois mondes influencent les décisions stratégiques que les entrepreneurs et dirigeants doivent prendre, et déterminer dans quel monde vous évoluez est essentiel pour choisir la bonne approche.
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Qui est concerné par l’entrepreneuriat en mode causal ?
L’entrepreneuriat en mode causal repose sur une approche prévisionnelle, il convient donc à 2 environnements, l’environnement de prédiction et l’environnement risqué.
L’entrepreneur commence par définir un objectif final clair dès le départ. Il mobilise ensuite les ressources nécessaires pour atteindre cet objectif.
Ainsi, cette démarche se base sur l’anticipation des obstacles, l’optimisation des ressources et la réduction des risques grâce à une planification rigoureuse.
Toutefois, la démarche causale n’est pas adaptée pour les entreprises qui évoluent dans l’incertitude. Ces entreprises ne connaissent ni leurs clients, ni leur marché, ni leur modèle économique. Elles naviguent dans un espace où tout est à construire.
Dans ce contexte, des outils traditionnels comme l’analyse PESTEL, les 5 forces de Porter, la McKinsey, l’analyse de la chaine de valeur ou les études de marché deviennent non pertinents. Si l’exercice intellectuel reste intéressant, il est opérationnellement inutile. En effet ces outils se basent sur l’analyse d’un marché déjà existant, alors que pour une entreprise innovante, ce marché n’existe pas encore. Il est donc impossible de prédire des comportements ou des tendances.
Les entreprises doivent agir différemment en testant rapidement leurs hypothèses et en s’adaptant en fonction des retours du terrain. Cela nécessite une approche agile et flexible, comme la méthode Lean ou l’effectuation, où l’on avance pas à pas, en co-créant avec les parties prenantes.
Malheureusement, peu d’organismes d’accompagnement et de financement ont intégré cette réalité. Ils continuent de s’appuyer sur des méthodes classiques et des plans rigides, demandant aux entrepreneurs de se conformer à des outils inadaptés à l’incertitude. Cela complique la tâche des entrepreneurs innovants, qui peinent à trouver des soutiens adaptés à leur démarche.
Comment mettre en œuvre l’entrepreneuriat en mode causal ?
1. Fixer un objectif clair et atteignable
La première étape de la démarche causale consiste à définir un objectif précis et mesurable. Par exemple, si vous développez une chaîne de restaurants en franchise, il est essentiel de déterminer dès le début combien d’établissements vous souhaitez ouvrir en trois ans, quel chiffre d’affaires viser, et quelle part de marché vous souhaitez capturer. Ces métriques de réussite doivent être clairement définies. Elles serviront de repères tout au long du projet. Fixer un objectif atteignable donne une direction claire à l’équipe et facilite la prise de décisions.
2. Faire une analyse approfondie du marché
Ensuite, une étude de marché détaillée est cruciale. Prenez le temps d’identifier vos concurrents, de comprendre leurs forces et leurs faiblesses, et d’analyser les tendances du marché. Par exemple, si vous entrez dans le secteur de la restauration rapide, étudiez l’évolution des préférences alimentaires, les nouvelles tendances comme les repas bio ou végétaliens. Utilisez des modèles prévisionnels basés sur des données historiques pour anticiper les fluctuations potentielles du marché et identifier vos segments de clients cibles.
3. Identification des ressources nécessaires
La troisième étape consiste à identifier les ressources financières nécessaires. Prévoyez un budget détaillé, incluant les coûts initiaux, les dépenses récurrentes et un plan de financement. Pour les ressources humaines, définissez les compétences clés dont vous aurez besoin, par exemple, des chefs cuisiniers expérimentés pour vos franchises ou des experts en marketing pour attirer les clients.
4. Élaboration d’un plan d’action détaillé
Établissez un plan de production décrivant chaque étape, de la recherche de locaux à l’aménagement des restaurants. Élaborer un plan marketing est aussi essentiel : prévoyez des stratégies pour attirer votre clientèle cible (réseaux sociaux, publicités locales, promotions). Enfin, créez un calendrier précis pour fixer des délais réalistes à chaque étape du projet.
5. Suivi et contrôle continu
La mise en place d’indicateurs de performance est indispensable pour mesurer l’avancement du projet. Fixez des points de contrôle réguliers pour évaluer si les objectifs intermédiaires sont atteints et ajuster les stratégies si nécessaire.
6. Gérer les imprévus avec souplesse
Bien que la méthode causale soit rigide, il est primordial d’anticiper les imprévus. Préparez des fonds d’urgence et constituez une équipe capable de gérer les crises, pour répondre efficacement à tout problème imprévu.